Wednesday 9 April 2008

Immigration Canada

Des modifications contestées

Une douzaine d'organismes de défense des immigrants manifesteront dans les rues de Toronto, mercredi, pour protester contre les changements que le gouvernement conservateur de Stephen Harper compte apporter à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Ainsi, le ministre de l'Immigration pourra décider que les demandes présentées par des immigrants exerçant des professions ou des métiers où une pénurie de main-d'oeuvre sévit seront traitées en priorité. Ces modifications lui accorderaient aussi le pouvoir de fixer un nombre maximal de demandes traitées chaque année.
Ces changements ont été inclus dans un projet de loi de mise en oeuvre du budget, de sorte que les partis d'opposition, qui fustigent le gouvernement Harper à ce sujet, pourraient déclencher des élections s'ils votaient contre leur implantation. Or, les libéraux de Stéphane Dion ont déjà indiqué qu'ils n'iraient pas jusque-là.
Mardi, des hauts fonctionnaires du ministère de l'Immigration et de la Citoyenneté ont finalement expliqué les tenants et aboutissants de la réforme proposée. Il s'agit, ont-ils expliqué, de permettre à certains immigrants qualifiés de ne pas être coincés dans de longues listes d'attentes.
Actuellement, disent-ils, 925 000 demandes sont en attente de traitement, et ce nombre pourrait atteindre 1,5 million d'ici 2012. Dans les extrêmes, des demandeurs doivent en ce moment attendre jusqu'à 6 ans avant d'être acceptés au pays.
Les changements proposés à la loi, rétroactifs au 27 février dernier, feraient en sorte que des immigrants verraient leur demande traitée d'ici un an, au maximum. Les professions et métiers visés seraient consignés dans une liste, appelée à être révisée en fonction des besoins du marché de l'emploi. Cette liste serait dressée après consultation avec les provinces et les employeurs.
Le ministère de l'Immigration admet que l'imposition d'un plafond annuel de demandes traitées pourrait faire en sorte qu'une demande soit rejetée pendant 50 années consécutives. « Les gens ont des droits une fois qu'ils sont dans le système, et ils ont le droit d'être traités de façon juste. Ils ont le droit d'être traités sans discrimination [...] mais il n'y a pas - et il n'y a jamais eu - de droit à venir au Canada dans la loi », a expliqué mardi un fonctionnaire.
L'opposition estime que ce projet de loi est discriminatoire, voire anti-immigrant. Les libéraux talonnent le gouvernement à ce sujet depuis quelques jours aux Communes. Le NPD a quant à lui présenté une motion qui soutient que le projet de loi de mise en oeuvre du budget ne peut être soumis au vote puisque le fait qu'il contient des changements à la loi sur l'immigration constitue une procédure illégitime.
Les modifications sont également dénoncées par les groupes de défenses des immigrants, qui s'en sont d'ailleurs plaints, mardi, à Toronto, lors d'une audience du comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes.
La porte-parole du groupe Status Now, Sima Sahar Zeheri, a déploré que ces changements fassent en sorte que l'immigration au Canada sera décidée sur des bases économiques plutôt qu'humanitaires. « Les immigrants sont dépouillés de leur humanité et sont considérés strictement d'un point de vue économique. Et ils peuvent être laissés de côté quand ils ne sont plus utiles », dénonce-t-elle. (Radio-Canada)

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